Olivier Mouilleseaux – Directeur Marketing & Communication chez Paritel

L’abandon progressif de la technologie RTC sur les réseaux cuivre de télécommunications vient d’être autorisé par l’ARCEP. Cette décision, qui prendra effet progressivement à partir de 2018, signifie la fin des offres analogiques et de certaines offres numériques de première génération. Près de 80% des entreprises françaises sont concernées. Elles vont devoir faire évoluer leurs équipements et leurs abonnements pour tirer le meilleur parti des offres alternatives qui vont prendre le relais, en particulier autour de la voix sur IP. Avec, à la clé, des économies de fonctionnement, ainsi que des performances et un confort accrus pour l’ensemble de leurs communications, voix et données.

L’opérateur historique a annoncé l’abandon progressif de la technologie RTC sur son réseau cuivre. Pourquoi cette décision ?

Olivier Mouilleseaux, Directeur Marketing Paritel : La décision émane en réalité de l’ARCEP, l’autorité de régulation pour les réseaux. Elle a pris acte d’un mouvement mondial de désengagement progressif des fournisseurs d’équipements supportant cette technologie vieillissante, et de son impact négatif sur les coûts de maintenance.

Pour les entreprises, quelles seront les conséquences sur l’offre téléphonique et réseaux ?

Olivier Mouilleseaux : C’est la fin annoncée des offres dites analogiques, lesquelles servaient de support à nos échanges téléphoniques depuis des décennies. Cela va venir assez vite puisqu’il est prévu que dès le début 2018, Orange ne proposera bientôt plus de nouvel abonnement RTC. Par la suite, l’opérateur désactivera progressivement ses plaques RTC régionales.

Tout cela ne sera pas anodin pour 80% des entreprises qui, parfois sans le savoir, utilisent encore ces services analogiques pour maintenir une ligne de fax, acheminer les données de leurs terminaux de paiement, faire fonctionner leurs standards téléphoniques de type PABX ou encore souscrire à des services de télésurveillance. Elles risquent en particulier de découvrir leur dépendance à ces offres analogiques lors d’un déménagement, lorsque l’opérateur refusera de leur créer une ligne pour rebrancher leur ancien matériel.

La fin des réseaux RTC entraîne également la fin de l’offre numérique proposée commercialement sous la marque Numéris. Cet arrêt, déjà décidé pour le service T0, est encore en suspend pour le service T2.

Des solutions de remplacement sont-elles déjà disponibles ?

Olivier Mouilleseaux : Oui et c’est la bonne nouvelle. D’ailleurs, l’ARCEP n’a donné son accord pour l’arrêt du réseau RTC que dans la mesure où il existait, pour chaque cas (*), des alternatives économiquement et techniquement crédibles.

Le passage en mode IP (pour Internet Protocol) que ce soit pour la voix ou pour les autres services, est en particulier arrivé à maturité. Il pourra s’opérer soit par ajout d’add-on sur des équipements en place, soit par leur remplacement pur et simple, au profit d’appareils natifs IP, qui se brancheront sur les réseaux ADSL, VDSL ou encore la fibre optique.

Une autre solution consistera, pour certains appareils et en particulier les terminaux de paiement, à leur adjoindre des cartes SIM qui utiliseront les réseaux sans fil sécurisés pour transmettre les données.

Ces changements obligés vont coûter aux entreprises. Mais peuvent-elles en espérer des bénéfices ?

Olivier Mouilleseaux : J’établirais un parallèle avec le passage à la TNT pour la télévision, lors de l’abandon du hertzien. Il a bien fallu investir dans des boîtiers d’abord, puis dans de nouveaux récepteurs, mais en retour, nous avons reçu plus de chaînes, avec une meilleure qualité d’image.

C’est la même chose ici. Avec un plus non négligeable pour les entreprises : leurs factures de communication devraient baisser, grâce à des abonnements ouvrant droit à des appels illimités, à des interconnexions simplifiées entre les réseaux des opérateurs, ou encore à la disparition des numéros d’appels surtaxés pour les lignes dédiées aux terminaux de paiement ou à la télésurveillance.

Par ailleurs, à plus long terme, certains matériels vont devenir, grâce à la qualité des réseaux IP, accessibles à distance et donc éligibles à une consommation en mode SAAS, qui rentrera dans la colonne OPEX des bilans.

Certains regrettent la fiabilité réputée supérieure du RTC sur les technologies de voix sur IP. Qu’en pensez-vous ?

Olivier Mouilleseaux : Pardonnez-moi l’expression, mais il s’agit d’une légende urbaine, qui remonte aux premiers temps de la voix sur IP. Il y a certes eu, aux débuts, des difficultés à résoudre, mais elles sont désormais derrière nous, en témoigne justement l’accord de l’ARCEP.

Aujourd’hui, les deux technologies proposent des fiabilités tout à fait similaires. J’ajouterais même que dans la mesure où, par exemple chez Paritel, nous doublons systématiquement les liens chez nos clients, en empruntant les réseaux de deux opérateurs différents, nous prenons moins de risques pour la fiabilité que lorsque nos communications empruntent une ligne téléphonique classique et aérienne, toujours susceptible d’être coupée lors d’intempéries… ou par la faute d’un coup malencontreux de pelleteuse.

(*)A ce jour, seul le cas des lignes RTC utilisées dans les ascenseurs pour les appels d’urgence d’usagers bloqués n’a pas encore été tranché par l’ARCEP (NDLR).

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